1:55:50. Directed by Luis Buñuel. Célestine, femme de chambre, arrive dans une nouvelle place. 15Cette lecture tautologique de la perversion – « est pervers ce qui est désigné comme tel » – semble rejoindre la définition qu’en propose Foucault14 : celui-ci identifie, depuis la fin du XVIIIe siècle, une volonté de « spécification » des modalités du « contre nature », qui passe par un « échange de discours ». 10 On retrouve la configuration mise à jour par Alexandra Gruzinska dans « Humiliation, vengeance et haine : le rire de Célestine », Cahiers Octave Mirbeau, 4, 1997 : Célestine utilise dans son journal le verbe, et plus particulièrement le rire moqueur, comme outil d’une vengeance. 22C’est à travers une série d’anecdotes éparses que Mirbeau dénonce l’organisation sociale à travers ses instances représentatives, l’Église, la Justice, ou encore l’Armée. Célestine (2:17) 6. Formes et genres hollywoodiens, Chapitre I. Genèse et évolution des pièces à succès, Portail de ressources électroniques en sciences humaines et sociales, Suggérer l'acquisition à votre bibliothèque. Elle enseigne au CEA, et a publié notamment des articles dans Théorème, la Voix du Regard et 1895, Conditions d’utilisation : http://www.openedition.org/6540. Le Journal d’une femme de chambre (sh. Elle le fait d’abord sur le mode du simulacre, de la comédie. Carmen Boustani note que le prénom, en plus de la figure éternelle de la domestique, est également symbole de pureté15 ; Buñuel reprend cette connotation (lorsque Rabour « rebaptise » Célestine, on aperçoit d’ailleurs clairement une image pieuse en arrière plan), et la détourne au profit d’une mise en scène fétichiste. Elle les attise d’autant plus qu’elle amène avec elle sa chair fraîche, très enviée par les mâles affamés – maîtres ou domestiques – d’un lieu perdu où les jolies gambettes ne courent pas les rues. Là encore, l’enjeu est symbolique, et la lutte prendra la forme de renversements successifs : Célestine pensera un moment l’avoir emporté et avoir fait triompher ses convictions au prix d’un mariage, mais il ne s’agit que d’une victoire provisoire, puisque c’est sur la montée des idées de Joseph que se termine le film. 1:19:18. 4 G. Deleuze, L’Image-mouvement, Paris, Minuit, 1983, p. 174-175. Le départ de Célestine (0:24) Également inclus la B.O. Merci, nous transmettrons rapidement votre demande à votre bibliothèque. Une descente dans l’intérieur bourgeois qui s’accomplit jusque dans les crânes. Notons simplement que jusqu’à l’arrivée de Célestine, l’objet de sa convoitise, une petite fille, est une fois de plus lié à des pulsions de mort et non de reproduction. Il apparaît au contraire que Buñuel, sous couvert d’une moralisation de l’intrigue, procède à une déconstruction radicale des postures morales, introduisant une économie de la perversion qui n’épargne aucun des personnages, et configure et définit chaque mode d’interaction. 10Fidèle en cela aux conceptions mirbelliennes, Buñuel fait fonctionner à plein les pulsions sexuelles comme moteur. Celui-ci s’exprimerait à travers la peinture d’un milieu « historique et géographique » précis qui en est « dérivé »4. Dès leur première rencontre, la féminité de Célestine, qui se tient droite, la poitrine en avant, contraste avec l’allure désexualisée de Madame, au visage sec et à la chemise boutonnée jusqu’en haut. De même, on peut se demander dans quelle mesure Buñuel adhère réellement aux propos de Célestine, et à sa lutte contre Joseph. Journal d'une femme de chambre. Read about Journal d'une femme de chambre (Chapitre Viii) from Karin Viard's Octave Mirbeau : Le journal d'une femme de chambre (Lu par Karin Viard) and see the artwork, lyrics and similar artists. A la gare (0:59) 3. Dnevnik jedne sobarice) je francusko-italijanski film snimljen 1964. godine u režiji Luisa Buñuela.Predstavlja drugu po redu adaptaciju istoimenog romana Octavea Mirbeaua. Voilà ce qui ressort de la boîte, quand on la secoue un peu. 16 Voir à ce sujet P. Michel, Les Combats d’Octave Mirbeau, Paris, Les Belles Lettres (Annales littéraires de l’université de Besançon), 1995. Quality : 320kbps. 16Les deux modalités de perversion, liées par la mise en scène, ne sont pas isolées : elles proliférent et contaminent leur environnement. 23L’affaire de la petite Claire va surtout être le moyen pour Buñuel de mettre en scène un réseau de complicités et de correspondances, qui dresse un portrait cohérent de la société préfasciste. Mirbeau va mal : il doute de son talent littéraire et c'est un peu l'épée dans les reins (celle de son éditeur) qu'il consent à livrer, en feuilleton, la première mouture du Journal d'une femme de chambre à L'Echo de Paris, en 1891. Journal d’une femme de chambre (0:45) 5. Tous ont été tirés du même et fameux roman d’Octave Mirbeau, publié en 1900. Elle décrit longuement sa fascination pour la pourriture et la décomposition, dans laquelle elle se vautre avec délice. En choisissant d’amplifier considérablement la place de l’épisode du viol et du meurtre de la petite Claire, Buñuel semble réhabiliter la notion de morale, que Mirbeau discrédite et met en échec. À aucun moment, on ne sait quelque chose des motivations et des pensées de ce sibyllin personnage, qui connaît deux temps d’existence : celui de l’observation et celui de l’action (quand Célestine, ayant rendu son tablier, décide de revenir dans la maison pour confondre l’assassin de la petite fille). Le personnage du sacristain, créé de toutes pièces par Buñuel, fait le lien entre les différents pôles d’oppression : partageant les idées politiques de son ami Joseph, il entretient également une relation de connivence avec les gendarmes avec lesquels les deux hommes boivent amicalement. 5 M. Foucault, Histoire de la sexualité, vol. While Mirbeau essentially sees sexuality as a deadly strength, which is omnipresent and very powerful, Buñuel, on the contrary, presents a network of perversions which no longer fulfils its regenerating function. Cependant, le fait que Rabour soit le seul à avoir cette habitude, la manière dont il inscrit le prénom dans l’ensemble de sa mise en scène fétichiste, ou encore sa façon obsessionnelle de répéter le prénom, en modifient la signification : alors que Mirbeau y voit essentiellement la marque du mépris des maîtres, Buñuel fétichise et érotise clairement le prénom. À son endroit, le cinéaste réalise un véritable tour de passe-passe, mettant en œuvre ce qu’on pourrait appeler une parfaite ellipse psychologique. Toute la perception de cet organisme malade repose sur le personnage de Célestine, clé de voûte du film, et splendide réussite du couple Moreau-Buñuel. Pour lui, l’arrivée de Célestine dans le domaine est d’un tout autre ordre. Pierre Michel, notamment, rappelle que Mirbeau se plaît à problématiser ce rapport dans le roman16, faisant à certains moments de Célestine son porte-parole, en lui prêtant ses propres réflexions, pour ensuite s’en distancier manifestement, la privant même parfois de toute crédibilité. Les jours passèrent (0:25) 13. Cette castration est annoncée dès le début du film : Rabour envoie son gendre se raser, l’infantilisant et le dévirilisant. Cette activité est non seulement stérile, mais aussi mortifère et même castratrice : après une scène de chasse, on juxtapose un plan du Capitaine Mauger, en train de couper une branche. Entre resserrement et isolement du milieu qu’il décrit, et mise en scène des rouages qui protègent Joseph, il nous décrit une société fermée sur elle-même et gangrenée. Le Journal d’une femme de chambre est un roman français d'Octave Mirbeau, paru chez Charpentier-Fasquelle en juillet 1900. 9L’arrivée de Célestine dans ce monde clos reconfigure son économie. Le journal d'une femme de chambre. Himy-Piéri, L., & Poulouin, G. A Companion to Luis Buñuel, Wiley-Blackwell Companions to Film … Mirbeau procède par accumulation, parce qu’il met en scène un pourrissement, une société gangrenée, où règles sociales et pulsions naturelles s’entretiennent mutuellement, pour faire le malheur de l’homme. Comme tout objet fétiche, elles fonctionnent de manière à la fois métaphorique et métonymique : leur dimension de métaphore, d’objet de substitution, redonne à Célestine sa dimension de sujet sexuel à part entière ; la dimension métonymique, quant à elle, rattache le fétiche à la figure du violeur et de l’assassin, Joseph. On commencera par mettre en avant les modifications que Buñuel opère dans l’économie sexuelle liant les différents protagonistes du Prieuré, et en particulier dans la mise en scène des relations entre les maîtres et la bonne ; on s’interrogera ensuite sur la place spécifique de la notion de perversion dans cette redéfinition des dynamiques. 1Le Journal d’une femme de chambre de Mirbeau nous propose une vision proliférante, débordante de la sexualité, qui semble animer tous et chacun. 4Serge Duret3 met en avant la soumission d’Éros à Thanatos dans le roman de Mirbeau : il souligne l’attrait pour le morbide de Célestine, qui la conduira logiquement vers la figure satanique de Joseph. HIMY-PIÉRI, Laure (dir.) Il apparaît cependant qu’entre une perversion omniprésente et proliférante, et une instance morale plus ambivalente qu’il n’y paraît, cette dichotomie n’est que très illusoire : plus que l’échec de la morale, c’est la mise en doute de sa possibilité même qui nous est montrée, face à des pulsions toutes-puissantes. Il apparaît finalement que son positionnement est plus ambivalent qu’il n’y paraît, et va même en dernière analyse renforcer les positions mirbelliennes. 8Dans le roman de Mirbeau, les domestiques, à l’image de leurs maîtres, sont animés par une sexualité débordante ; il est frappant de constater que l’office est ici tout aussi stérile. Spectral cinema: Le journal d’une femme de chambre. Buñuel joue sur cette ambivalence : si le propos de ses personnages instaure une frontière tranchée et sans appel entre les deux formes de perversion, la mise en scène semble, au contraire, réinstaurer une continuité. La seule perversion qui est clairement identifiée et dénoncée est la dérive fasciste. 1. Celui-ci est constamment présenté dans une parfaite continuité avec l’homme : par une juxtaposition dans une même image (on pense bien sûr à la fameuse scène des escargots sur les jambes de la petite Claire), par des montages alternés, ou encore par la construction de résonances entre les deux mondes, Buñuel s’emploie manifestement à abolir toute frontière entre l’humain et l’animal. Sans qu’elle bouge les lèvres, on entend sa voix, la voix claire et traînante de Jeanne Moreau, prononcer off le mot : « Salaud ». Si on entend les couinements du canard, rien ne sera montré : on verra successivement le plumage en très gros plan, le corps de Joseph qui dissimule le canard, puis Célestine qui tente d’intervenir. Par auteurs, Par personnes citées, Par mots clés. authentifiez-vous à OpenEdition Freemium for Books. De nombreux autres enregistrements sont disponibles sur www.audiocite.net Vous pouvez participer à ce projet et nous aider de nombreuses autres manières: The Diary of a Chambermaid, a 1946 film directed by Jean Renoir; Diary of a Chambermaid, a 1964 film directed by Luis Buñuel; Diary of a Chambermaid, a … Le Prieuré est condamné à la disparition par rétrécissement, parce que ses personnages refusent de faire de la sexualité le moyen d’une ouverture ou d’une élévation. Le Journal d'une femme de chambre. Il ne s’agit pas simplement de montrer l’échec de Célestine face à des forces qui la dépassent, mais aussi la nature fragile, fluctuante et profondément ambivalente d’une moralité contrainte de suivre les modulations des réalités, et finalement assez prompte à abdiquer face à celles-ci. Enfin, le garde-chasse, qui collectionne les pulsions de mort : fascisme, racisme, antisémitisme et, pour couronner le tout, pédophilie. 2007. Vous pouvez suggérer à votre bibliothèque/établissement d’acquérir un ou plusieurs livres publié(s) sur OpenEdition Books.N'hésitez pas à lui indiquer nos coordonnées :OpenEdition - Service Freemiumaccess@openedition.org22 rue John Maynard Keynes Bat. 11La seconde forme de lutte sexuelle concerne Célestine et Joseph. Si elle est effectivement en lutte avec les dérives perverses et mortifères, Buñuel refuse de l’affranchir entièrement de ses pulsions érotico-morbides. On tentera de montrer que la thématique de la sexualité, loin d’être atténuée dans l’adaptation de Buñuel, continue à jouer son rôle dans la description et la dénonciation de tout un système et d’une époque. Figure du passage, la bonne traverse les strates sociales, et offre un support aux pulsions stériles de chacun. Alors que le fétichisme du « cordonnier » est connu et tacitement accepté de tous, que maîtres et domestiques n’en parlent que de manière détournée, le viol et le meurtre de Claire suscitent au contraire des discours d’indignation nombreux et fournis : chacun en parle et donne son avis. By: Octave Mirbeau. Cette solution offre en tout cas un intéressant brouillage du sens, qui défait les dichotomies morales : Célestine n’est pas passée du côté du Mal, sans pour autant continuer à vouloir faire le Bien. Buñuel, et son interprète Jeanne Moreau, jouent sur l’ambivalence du personnage : on a déjà beaucoup souligné le fait que le jeu froid et distingué de Jeanne Moreau semblait la rapprocher de la bourgeoisie, mais aussi de la frigidité. (Eds.) Les années 1930 de Buñuel, comme le tournant du siècle de Mirbeau, sont marquées par un rapport vicié au sexe : mais alors que chez Mirbeau, cette sexualité pervertie est conçue comme le pendant logique et inévitable de l’organisation sociale, Buñuel voit dans celle-ci un péril précis et historiquement daté. Ce sont finalement des reproches opposés qu’adressent Mirbeau et Buñuel aux sociétés qu’ils dépeignent : alors que Mirbeau voit dans Éros un vassal de Thanatos, et fait le portrait d’une prolifération bicéphale, Buñuel décrit une société qui bride Éros, et l’empêche de promouvoir ses forces vitales. La « chronique de la vie provinciale » – c’est-à-dire les trois premiers quarts d’heure du film – est structurée de manière prédominante autour des luttes sexuelles, notamment celle qui oppose Célestine à Madame. Date : 2015. Trama. La femme de chambre de Mirbeau est avant tout un être sensuel. Il s’amuse ici à les confronter à des nécessités et des exigences morales. Elle focalise les pulsions dispersées, donnant vie aux bottes de Rabour7 (mais endossant aussi de ce fait le rôle sur lequel Madame fantasme), canalisant la demande sexuelle de Monteil (cette demande se concentre sur Célestine, avant d’être redistribuée à toutes les femmes de la maison : après qu’elle le repousse, il tente une incursion chez sa femme ; de même, une fois que Célestine a annoncé son mariage, il va immédiatement entreprendre Marianne), détournant Mauger de la relation stérile et infantile qu’il entretient avec Rose, et arrachant Joseph à sa perversion. Ainsi, les Monteil dévaluent la sexualité : Madame la ramène à des considérations financières (elle répète à plusieurs reprises qu’elle ne veut pas que les aventures de son mari lui coûtent de l’argent) ; Monsieur, pour sa part, la rattache à des problématiques sanitaires, évoquant les différentes maladies que Célestine a probablement contractées. Elle n’épargne surtout pas Célestine, qui malgré son positionnement de témoin, n’échappe pas à la dépravation et à … Ce principe sera repris par Renoir, qui fait de Célestine un personnage gouailleur, bavard et gai. Il s’agit bien sûr de la pédophilie meurtrière de Joseph. 13Deleuze voit dans la perversion chez Buñuel une « dérivation » de la pulsion, autrement dit, l’expression de celle-ci dans le milieu dérivé, déterminé historiquement et géographiquement (par opposition au milieu primaire, qui est le monde originaire)12 ; il cite en exemple le fétiche de la chaussure. Carrière évoque aussi leur volonté de proposer une « véritable chronique de la vie provinciale » : pour cela, ils choisissent de resserrer l’intrigue, et sélectionnent certains épisodes du roman qu’ils insèrent dans celui du Prieuré. 18 likes. Il existe, au cinéma, plusieurs de ces journaux homonymes : un Russe muet, un Franco-Américain et un Hispano-Français. It questions the judgement, widely held among the critics of the time, that the movie is a sweetened version of Mirbeau’s novel. Le journal d'une femme de chambre: Analyse complète de l'oeuvre (French Edition) eBook: Lecomte, Sophie, fichesdelecture.com,: Amazon.com.au: Kindle Store Les pulsions qui parcourent violemment le monde clos du Prieuré sont stériles, et amènent celui-ci à fonctionner sur un mode cyclique, fondé sur la répétition et le retournement. En revanche, le film, avec ses métaphores animales, ne laisse pas place au doute, parce que la culpabilité de Joseph est nécessaire à la mise en scène de la faillite de la société dans laquelle il évolue. Les deux hommes se rejoignent malgré tout par la radicalité de leur propos, et finalement de leur pessimisme : tous deux nous décrivent un univers où l’homme est faible et impuissant, prisonnier d’un système qui le mène vers le gouffre. Le « marécage » dans lequel Célestine se débat est également, dans une certaine mesure, intérieur. La vie en société ne faisant qu’aggraver ces tendances, l’amour est finalement à l’origine de la plupart des tragédies humaines. C’est également au moment où le Capitaine obtient à tort gain de cause au tribunal, en vertu de son statut de militaire, que Rose s’assure les bonnes grâces du Curé en lui promettant de l’argent. LE JOURNAL D'UNE FEMME DE CHAMBRE. Buñuel, bien qu’il reprenne la confrontation au tribunal entre le Capitaine et Monteil, centre sa représentation de la société et sa mise en accusation sur la question du meurtre de Claire. Synopsis: Celestine has a new job as a chambermaid for the quirky M. Monteil, his wife and her father. Dans les deux cas, on nous montre des personnages que leur rapport au sexe rend grotesques : au-delà des positionnements politiques, c’est dans une certaine misanthropie que les deux auteurs se retrouvent. Célestine raconte la servitude, la mascarade humaine, la capitale et ses places ingrates, son arrivée chez un couple normand, elle acariâtre, lui lourdaud, risibles. Mirbeau fait de Joseph une image satanique, à la fois miroir effrayant et exutoire cathartique de la société qui l’a produit : il le dote d’un statut particulier, qui justifie l’attirance irrationnelle de Célestine. Il nous présente un monde où les personnages sont non seulement guidés, mais aussi largement définis par leurs pulsions. Céléstine (2:14) 6. Célestine s’efforce de neutraliser la sexualité brutale et perverse de Joseph, en lui opposant son érotisme (c’est seulement avec Joseph qu’elle déploie véritablement ses atouts : la scène où elle l’attend en sous-vêtements contraste violemment avec l’autre scène où on la voit au lit, celle où elle repousse le Capitaine). Dans l’office, Célestine imite sa maîtresse, endosse son rôle : elle évoque alors ses besoins naturels, puis s’informe de la sexualité de ses maîtres. C’est, non seulement, une traversée du miroir, à l’image d’Alice, mais aussi une sorte de spéléologie psychique. 5Ces pulsions ne sont pas uniformément réparties, s’organisent en un système dynamique. Foi traducida a trinta idiomas, mais aínda non conta cunha versión en galego. Dailymotion ItiL. Il note en effet que la succession de cycles est alors remplacée par « une pluralité de mondes simultanés », « une simultanéité de présents dans différents mondes » (prenant notamment pour exemple la fin de Belle de Jour, où la paralysie a lieu et n’a pas lieu). With Jeanne Moreau, Georges Géret, Michel Piccoli, Daniel Ivernel. S’il accorde une telle importance au meurtre de Claire, c’est parce qu’il y voit un signe annonciateur, ou du moins une métaphore, du marasme politique qui va suivre. », Cahiers Octave Mirbeau, 4, 1997. 9 S. Duret, « Le Journal d’une femme de chambre, œuvre baroque ? Livre audio gratuit enregistre par Sabine Pour Audiocite.net. Elle met en avant ce qui est caché, enfoui, et le place au centre de son interprétation. 3:13. Un film donc à voir et à revoir tant plusieurs visions semblent nécessaires pour en explorer les inépuisables richesses. Buñuel, au contraire, isole au maximum le milieu qu’il décrit : le Prieuré est séparé du reste du monde par la longue route que Célestine et Joseph parcourent lors de la séquence d’ouverture, ou encore par la forêt de Raillon, dans laquelle ont lieu le viol et le meurtre. Le flashback du bar (0:35) 9. 1Le Journal d’une femme de chambre de Mirbeau nous propose une vision proliférante, débordante de la sexualité, qui semble animer tous et chacun. 3Ce resserrement et cette apparente désexualisation des personnages déconcertent la critique, qui réserve au film un accueil plus que mitigé : au lieu du brûlot subversif annoncé, elle n’y voit qu’une édulcoration du roman de Mirbeau. 12 G. Deleuze, L’Image-mouvement, p. 173-183. Everyday low prices and free delivery on eligible orders. Il devient même un moteur narratif essentiel, puisque c’est la volonté de faire condamner le coupable qui pousse Célestine à revenir au Prieuré. Le texte de Mirbeau est le socle d’une critique sociale, mais la parole de Célestine ne revendique et ne dénonce rien. L’heure de la promenade (2:12) 7. Les scènes d’ouverture organisent le contraste entre l’extérieur de la maison, où évoluent les hommes et les animaux, où chacun s’observe, chasse, convoite, et l’intérieur, domaine de Madame, où règnent l’ordre, la propreté, autrement dit la chasteté. Un seul mot, sublime, nous donne pour un instant seulement accès à ses pensées, à un grain d’intériorité. Dans cette scène, les manifestants soutiennent non seulement Chiappe, mais brandissent également des panneaux « La France aux Français », et déclament « Non aux métèques », et « À bas la CGT ». Ainsi, le viol de la petite Claire constitue un événement isolé, unique ; cependant, la scène du dîner, durant laquelle Joseph force Claire à le regarder, lui parle d’amour tout en la brutalisant et en lui faisant manifestement peur, fait office de première version du viol. Journal d'une femme de chambre (2015) - Bande annonce. Journal d'une femme de chambre (2016) Full Movie HD 1080p. Il construit le portrait d’un personnage totalement maîtrisé, d’une grande lucidité et d’une grande cohérence ; cependant, il réintroduit, au sein même de ce portrait, une dose d’incontrôlé, voire d’inconscient. Lolo Leblog. »21. Genre : Score. Elle considère que le film ne tient pas ses promesses, et parle de fausse violence, de cibles faciles, de timidités. 2:05 . 17À travers cette question, c’est celle du rapport entre l’énonciateur et l’héroïne qui est soulevée, et de l’adhésion du premier au discours de la seconde. La sexualité, qui structure les interactions, fonctionne à la fois comme pulsion irrationnelle et comme arme maîtrisée. It seems on the contrary that Buñuel, under cover of moralizing the plot, is carrying out a radical deconstruction of moral positions, by introducing an economy of perversion which affects every character, and shapes and defines each kind of interaction. L’épisode est repris du roman : dans le livre, la vengeance de Célestine est à la fois fantasmée et verbale10, dans le film, Célestine reste impassible, mais s’empresse de désobéir. Générique fin (1:41) 2. Madame va alors s’efforcer de désexualiser Célestine, en la chassant des espaces intimes : en témoigne la scène où elle l’empêche d’aller – sur les ordres de Monsieur – dans la chambre. Dans les escaliers (0:57) 4. On est immédiatement surpris, en voyant l’adaptation que fait Buñuel du roman1, de constater que sa Célestine est au contraire un personnage froid, rationnel et surtout maîtrisé. Joseph, contrairement au personnage de Mirbeau, n’est pas seul – même le Capitaine finit par prendre sa défense, et souligne qu’il s’agit d’un « patriote ». Le changement de dénouement en est évidemment un marqueur clair : tandis que chez Mirbeau, Célestine s’enfonce dans son attirance mortifère et perverse, chez Buñuel, elle se contente d’inverser les positions, en passant du côté des bourgeois. Buy Le Journal D Une Femme De Chambre by Octave Mirbeau (ISBN: 9785880805440) from Amazon's Book Store. 3 S. Duret, « Éros et Thanatos dans Le Journal d’une femme de chambre », in Octave Mirbeau (Actes du colloque international d’Angers, 19-22 septembre 1991), Angers, Presses de l’université d’Angers, 1992, p. 249-267. 7 Buñuel place cette scène sous le patronage de Huysmans : tandis que Rabour caresse les bottines de Célestine, celle-ci doit lui lire un extrait de Là-bas. À l’arrivée de Célestine, Madame l’offre quasiment à son père ; elle va ensuite tenter de s’immiscer dans sa sexualité, frappant à la porte lorsqu’il s’enferme avec Célestine. Le(s) jardin(s) des supplices : du roman au film, The article deals with the adaptation by Buñuel of, , under the angle of perversion. Paroi opaque, faciès indéchiffrable, véritable hors-champ se baladant dans le champ, elle conserve une attitude mystérieuse où l’on ne lit rien d’autre qu’une pointe d’effronterie, un zeste de caprice. Track (Number) : 23. Vu hier soir : "Journal d'une Femme de Chambre" Adaptation théâtrale de l’œuvre d’OCTAVE MIRBEAU Mise en scène William Malatrat à La Folie Théâtre - 6 rue de la Folie Méricourt - 75011 Paris A 19h30 M°... Editer l'article Suivre ce blog Administration Connexion + Créer mon blog. Octave Mirbeau donne la parole à Célestine, une chambrière, qui perçoit le monde par le trou de la serrure et ne laisse rien échapper des "bosses morales" de ses maîtres. Moviepilot. Il use, à ce titre, de toute la largeur d’un splendide Scope noir et blanc, autant pour tenir à distance ses personnages – distance à la fois sociale et pulsionnelle – que pour mieux serpenter à travers les couloirs, parfois même à travers les cloisons. Célestine est devenue une bourgeoise ; cependant, la possibilité de son maintien au rang de domestique reste simultanément incarnée par la présence de Marianne, soulignée et mise en scène lors du dénouement. 19On voit souvent en Buñuel le grand apologue des perversions, dont il propose, au fil de son œuvre, un catalogue réjoui. Buñuel se prend à exécuter des mouvements virtuoses – la mort du patriarche sur son lit, les bottines sous le nez – pour accompagner la progression liquide des pulsions qui, en un sens, envahissent l’espace. La prolifération est aussi contamination, détournement : Buñuel emprunte au roman de Mirbeau la manie des maîtres d’appeler indifféremment leur bonne « Marie ». Cette figure dominante contraste avec celle prévalant dans le roman de Mirbeau qui, comme l’a montré Serge Duret9, relève plutôt de la spirale, de la figure vertigineuse dans laquelle Célestine se noie. Le roman fait de la culpabilité de Joseph une création de l’imagination débridée de Célestine, sans véritablement la confirmer ou l’infirmer. Livres à Haute voix complets en français 3 views New Point d’entrée idéal dans l’œuvre du cinéaste, il détient pourtant une énigme de taille, proprement insoluble : l’impénétrable Célestine, personnage de petite bonne d’une ambiguïté complète, magistralement interprété par Jeanne Moreau. C’est par ce discours moral et normatif que Joseph est d’abord accusé : avant même que Célestine n’ait formulé une seule fois ses soupçons à son encontre, elle emploie le terme de « salaud » pour désigner le coupable, le même que celui qu’elle avait utilisé un peu plus tôt pour l’insulter. En se reparfumant, Célestine s’affirme comme femme, et peut ainsi prendre le pouvoir. Il est littéralement enfermé dans sa perversion, passant son temps à se barricader dans sa chambre. Enfin, la troisième solution, l’installation de Célestine avec Joseph est également actualisée : si ce n’est pas Célestine, il y a cependant bien une femme qui occupe sa place devant le petit café avec Joseph. Premier des sept films de la période française de Buñuel, Le Journal d’une femme de chambre (1963) est réputé le moins énigmatique d’entre eux. Buñuel lui-même, lorsqu’il décrit la mission du romancier, s’exprime dans des termes résolument brechtiens : il faut « [ébranler] l’optimisme du monde bourgeois et [obliger] le lecteur à douter de la pérennité de l’ordre existant, même s’il ne nous propose pas directement une conclusion, même s’il ne prend pas manifestement parti »19. Le journal d'une femme de chambre by Octave Mirbeau, 1984, Gallimard edition, in French / français Il s’agit du fétichisme de Rabour et de la pédophilie de Joseph. Les pulsions se manifestent alors sur un mode soit dévalué (Monteil qui reprend le leitmotiv surréaliste de « l’amour fou » en l’appliquant à n’importe laquelle de ses bonnes), soit dangereux, à travers la violence politique de Joseph et de ses clones, qui défilent au cri de « Vive Chiappe ! Au-delà de cette révolte, sans lendemain, contre un ordre social hypocrite et injuste, le jo… Le journal d'une femme de chambre by Octave Mirbeau, France Loisirs edition, in French / français Célestine narra en primeira persoa algúns dos acontecementos da súa vida de empregada como camareira ou criada. Du haut de son service, elle jouit d’un point de vue imprenable sur les petites saloperies de chacun. netmedia | Official Channel. 1, La Volonté de savoir, Paris, Gallimard, 1976, p. 63. 18 B. Dort, « Buñuel et le constat social », Études cinématographiques, 20-21, 1962-1963. We use cookies and similar tools to enhance your shopping experience, to provide our services, understand how customers use our services so we can make improvements, and display ads. 13 Rappelons pour mémoire que Freud définit la perversion comme une « déviation de l’instinct ou de la pulsion sexuelle », « quand l’orgasme est obtenu avec d’autres objets sexuels, ou par d’autres zones corporelles ».

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